SAPA
à la rencontre de minorités ethniques.
Bonjour, Xin chào,
Je quitte Phong Thô sous la pluie dans un froid de canard pour rejoindre Sapa. Je passe par Lai Chau et Tam Duong. La route grimpe, je suis vraiment en montagne. La pluie glacée continue m'empêche de sortir l'appareil photo. Transi et mouillé, j'arrive à Sapa dans la brume. L'hôtel m'impose de laisser mon vélo sur la terrasse côté rue, mais je suis tellement content d'avoir trouvé une chambre, après une heure de recherche, j'accepte les conditions, 13€ la chambre avec vue sur la montagne que je ne verrai jamais, petit déjeuner compris et cerise sur le gâteau mon hôte parle quelques mots de français.
Tout le monde est emmitouflé dans des vêtements chauds protégé de l'eau par de grandes capes plastiques ou quelques parapluies qui se retournent volontiers lorsqu'une bourrasque se manifeste.
J'ai l'intention de rester plusieurs jours ici. Outre aller à la rencontre des Hmongs et autres minorités j'envisage l'ascension du Fansipang, sommet le plus haut de l'ex-Indochine à 3143 mètres d'altitude. Le mauvais temps aura raison de ma témérité et je devrai vite renoncer à mes projets de trek dans les monts Hoang Lien car aucun guide n'envisage de se risquer en montagne avec une météo annoncée mauvaise sur les deux semaines à venir.
J'accepterai la proposition de l'hôtel d'une journée guidée dans un village Hmong.
Je quite l'hôtel de Phong Thö, tôt le matin.
Le mobilier de l'hôtel à lui seul est un véritable spectacle
Et me voilà parti vers Sapa, la frontière chinoise n'est pas loin,
Me croirez-vous quand je vous dis qu'il pleut et qu'il fait froid!
Après un petit réconfort à l'hôtel chauffé par ce seul braséro dans le hall d'entrée je pars à la découverte de la ville.
SAPA est une ville de 36 200 habitants perchée à une altitude de 1 650 mètres.
Sorte de petit Chamonix, cette station climatique a été fondée par les français en 1922.
Les tours opérateurs s'obligent à un détour par cet endroit en raison
de l'attrait de son cadre et de la fréquentation de minorités ethniques
qui trouvent en cette ville un attrait commercial pour vendre
aux touristes leurs productions artisanales.
Autoportrait, les nouvelles technologies de la communication sont entrées dans la vie des asiatiques avant celle des occidentaux, et pour cause l'Asie les produit pour la planète! |
Et dire que j'imaginais vivre parmi les couleurs des costumes traditionnels et randonner dans les montagnes alentours sous un soleil radieux!
Cette jeune femme Hmong, sera mon guide et me conduira dans son village
à travers la montagne cultivée de rizières, .
Elle fait le matin de bonne heure le tour d'hôtels pour y chercher les touristes
inscrits pour une journée de randonnée.
En quittant Sapa, une groupe de femmes accompagne le groupe constitué.
En plus du guide nos autres accompagnatrices.
A travers la brume et la bruine je distingue les rizières en contre bas.
Ce matin la température est à peine de 5°.
Ce matin la température est à peine de 5°.
Portraits de femmes Hmong.
Je croise des hommes et autres femmes en partence pour les travaux agricoles.
Mais certains hommes restent au village. Attendent-ils une accalmie?
Surveillent-ils le flot de touristes qui traverse le village?
On remarquera que si les femmes conservent des éléments d'habillement traditionnel,
il n'en est rien pour les hommes!
Travail de consolidation d'une terrasse.
Un groupe de touristes en contre bas.
Comme il ne fait pas beau aujourd'hui le nombre de touristes est réduit, par beau
temps le nombre peut-être multiplié par dix.
Comme il ne fait pas beau aujourd'hui le nombre de touristes est réduit, par beau
temps le nombre peut-être multiplié par dix.
Si la minorité Hmong est largement représentée dans ce secteur je croise également des Dzao.
Chaque femme qui accompagne le groupe s'occupe particlièrement d'un des touristes du groupe.
La communication n'est pas évidente.
Voici la dame qui prendra soin de moi, fabriquant un petit cheval avec des herbes
qu'elle m'offre. Vraiment gentille la dame.
Au moment du repas il est temps de sortir quelques productions locales,
tels ses petits sacs tissés qu'elle arbore autour de son cou ou transporte
dans ce sac plastique. Bien sûr comment refuser!
Portraits de femmes Dzao.
Dans la cour de récréation de l'école une belle fresque peinte.
Productions artisanales locales
Habitat traditionnel.
Retour à Sapa
L'hôtellerie est très développée à Sapa.
On rénove, on construit. Ici en plein centre ville, les ouvriers
s'attaquent à la montagne pour augmenter la superficie du terrain
où est prévu un nouvel établissement.
Il tombe des cordes. En bottes sans harnais de sécurité, à une vingtaine de
mètres de hauteur, les hommes décrochent la roche au marteau piqueur.
Fin d'après midi, il pleut toujours et fait froid.
La météo n'offrant aucun signe d'optimisme je décide de quitter
Sapa demain matin pour rejoindre Lao Caï dans la vallée.
La météo n'offrant aucun signe d'optimisme je décide de quitter
Sapa demain matin pour rejoindre Lao Caï dans la vallée.
Réflexions.
Si je voyage à vélo c'est pour :
- disposer de temps, la lenteur, même à 15/25 km/h selon, permet de voir ce qui t'entoure,
- profiter d'espaces où le tourisme habituel en voyage organisé ou individuel, en voiture ou autocar, ne s'arrête pas,
- favoriser la rencontre avec les autochtones. Un "péquin" qui s'arrête avec un vélo chargé, habillé de manière inhabituelle pour ici, prête à curiosité n'est-il pas?
- bénéficier d'une grande autonomie. Absence d'obligation de réserver une chambre afin de pouvoir s'arrêter où bon te semble. Je transporte ma maison (tente) et ma cuisine (réchaud-popote) sur mon porte bagage.
- également pratiquer un sport.
Je ne peux cependant échapper aux sites touristiques que les guides, l'histoire,
la civilisation imposent comme incontournables.
Comment approcher Angkor, Louang Prabang en dehors des touristes?
Il en est de même pour Sapa.
Au Laos non sans difficulté j'ai pu approcher un village Akka avec un guide
au prix d'une montée de 1500 mètres de dénivelée. Là haut pas de touriste,
l'immersion est totale, luxe et privilège certainement. Ayant passé quelques 18 heures,
dont une nuit, avec ces gens disposant d'une organisation sociale paisible, je ne
peux imaginer ici un flot de touristes déambulant. (laos-jeanpaul.blogspot.com)
A Sapa outre l'accès aux pratiques montagnardes l'essentiel des touristes vient pour
aller à la rencontre des minorités ethniques. Les autorités locales ont orienté l'activité économique pour faciliter et organiser cette rencontre. Les Hmong et les Dzao ont développé leur village dans ce sens, en proposant des chambres d'hôtes, en créant des petits commerces d'artisanat, en offrant des tables de restauration. Ces populations sont devenues des curiosités. Elles se prêtent gentiment à l'exercice pour sûr puisqu'il y a un intérêt économique indéniable. L'argent du tourisme est certainement moins dure à gagner au regard des périodes précédentes où l'on vivait pour l'essentiel en autosuffisance. Est-ce le prix de la liberté ou d'un nouvel asservissement?
Les photos que je vous présente dans cet article ont toutes été prises sans accord formel des personnes mais avec une complicité tacite puisque devant l'objectif une attitude de pose complaisante acquiesce votre intention de photographier. A nouveau je suis pris du doute de voyeurisme comme chez les Akka. Aujourd'hui malgré le froid et la pluie, la centaine de touristes qui arpente le village mitraille à tout va. Alors quelle attitude adopter?
Je n'ai pas de bonne réponse à cette question. Mais une chose est sûre rechercher à agir avec déférence et humilité, ne présenter que des photos non équivoques.
Je suis d'autant plus touché face à ces populations que très souvent celles ci, puisque minoritaires,
ont été écartées du développement des pays où elles vivaient. Pire à certaines époques elles ont été pourchassées ce qui explique leur habitat dans des zones montagnardes guère accessibles.
Dans l'article précédent j'évoque la guerre d'Indochine au travers la Bataille de Diên Biên Phu. Les minorités ethniques ont cru voir au travers des colonisateurs, qu'ils soient français ou américains, des possibilités d'émancipation. L'armée française d'Indochine était composée pour un tiers de ces minorités et notamment des Hmong. Les armées étrangères se retirant ces minorités ont été livrées à elles mêmes avec une étiquette de collaboration difficile à porter face au nouveau régime.
Aujourd'hui si les choses semblent être stabilisées et la période de répression révolue, les minorités recherchent à prendre en main à travers ce tourisme leurs destinées et développement.
Alors respect et humilité devant tant de complexité et au revoir Sapa..
Lao Caï, ville frontalière avec la Chine.
Tôt le matin je quitte Sapa sous la pluie et dans le froid. L'objectif : atteindre Lao Caï après 38 kilomètres de descente. Gilet fluo et éclairages nécessaires. Je suis obligé de prendre toutes les précautions qui s'imposent, les patins ne bloquent plus les roues, la roue arrière voilée frotte toujours à chaque tour sur les patins. J'ai bon espoir de trouver dans cette grande ville moderne un vélociste digne de ce nom.
Cette ville, de 46 700 habitants aujourd'hui, a été rasée lors de l'invasion chinoise en 1979. Ceci explique un urbanisme et des architectures modernes.
La ville est traversée par la Song Hong aussi appelée plus communément le Fleuve Rouge.
Un vélociste gentil essayera de tendre mes rayons, je lui fournirai la paire de patins à remplacer car il n'en posséde pas. Je pensais les garder pour plus tard au cas ou. Quant à mon cable de dérailleur il refuse d'y toucher, c'est peut-être mieux ainsi!
Pour la petite histoire je dînerai dans un restaurant dénommé "Au Bordeaux", mais il n'y aura pas de beuvrage de ce nom à la carte.
Le long de la Hong Song de beaux potagers sur les rives.
De belles avenues.
Architectures modernes.
Je suis très intéressé par ces constructions pavillonnaires mitoyennes que le promotteur
livre en gros oeuvre à charge à l'acheteur d'en finaliser les intérieurs et les façades.
Ainsi disparait l'uniformité du lotissement.
Je quitterai Lao Caï sous le salut de ces charmantes jardinières.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire